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Lénine dans le jugement historique de Costanzo Preve / par Salvatore Bravo

Les mots de Costanzo Preve saisissent et expriment bien le principal préjugé à transcender pour rendre à Lénine ses honneurs et ses erreurs et nous remettre sur la voie.

par Salvatore A. Bravo - mardi 23 janvier 2024 - 1772 letture

Maintenant que l’Union soviétique est tombée dans l’oubli, la précarité est devenue une constante dans toutes les régions du monde. Les oligarques n’ont pas peur du communisme, ils agissent donc sans limites. L’opportunité de reconstruire l’internationale des peuples trouve aujourd’hui les conditions historiques, mais manque de conscience de classe. Le grand travail spirituel et politique qui nous attend est de reconstruire une hégémonie culturelle critique et transformatrice dans laquelle canaliser, sans sectarisme et sans fermetures préconçues inutiles, les forces qui s’opposent déjà au système de domination et d’exploitation mondiales. Il s’agit avant tout d’éliminer la légende noire du XXe siècle comme seul siècle d’horreurs, version idéologique à l’usage du capitalisme, et de rétablir la vérité historique là où règne la violence idéologique.

Les mots de Costanzo Preve saisissent et expriment bien le principal préjugé à transcender pour rendre à Lénine ses honneurs et ses erreurs et nous remettre sur la voie :

"Les historiens qualifient de "légende noire" (leyenda negra) la théorie selon laquelle les Espagnols auraient de facto génocidé les peuples amérindiens d’Amérique latine. Je ne suis pas un spécialiste de cette histoire et ce que je dis doit être pris avec le bénéfice de l’inventaire. Il me semble que les Espagnols ont d’abord voulu soumettre et asservir, alors que les Anglo-Saxons ont voulu défricher et donc directement génocider. Si je me trompe, merci de me corriger.

En revanche, une image valant souvent mille pages de théorie, il suffit de regarder les visages de George Bush et d’Hugo Chavez pour savoir lequel des deux modèles coloniaux a su le mieux intégrer les dominés. Aujourd’hui encore, les téléspectateurs américains verront des nègres à toutes les sauces, des policiers nègres, des pompiers nègres, voire des cadres nègres, mais ils ne verront jamais de couples mixtes noirs et blancs. Demandez-vous pourquoi, et vous commencerez à comprendre quelque chose de plus sur le monde contemporain idéocratique impérial dirigé par les Américains.

Aujourd’hui, Lénine est le principal protagoniste, avec Hitler et Staline (les pauvres Mao et Mussolini sont obligés de s’asseoir au deuxième rang !), de la "légende noire" du XXe siècle, siècle diabolique où l’utopie de la vertu s’est transformée en terreur (Hegel, Merleau-Ponty, Furet, etc.), et où le communisme n’a été que l’application politique du nivellement fordiste au monde social.

Puisque nous, Italiens, nous distinguons toujours par notre férocité et notre bouffonnerie (mais souvent nous ne savons pas que les autres le remarquent, et s’ils ne le disent pas, c’est seulement par politesse !), cette théorie est aussi italienne que la pizza et la haute couture, et a trouvé en Marco Revelli son représentant le plus déterminé. La "repentance" de l’ex-Lotta Continua, ce phénomène sociologique, moral et éditorial désagréable, a évidemment une durée de plusieurs décennies" [1].

L’oubli et la censure des décennies de néolibéralisme totalitaire et antidémocratique post-soviétique ont fait disparaître Lénine de la scène politique et philosophique. Le système dompte les subalternes intoxiqués en les éduquant au désespoir. Non seulement il n’y a pas d’alternative, mais le système est inviolable et invincible, de sorte que, conformément à la morale cartésienne provisoire, on nous demande de nous adapter au monde et de nous changer nous-mêmes et non le monde. Lénine ramène l’espoir et la praxis, tout est encore possible, il faut préparer les nouvelles générations aux possibles qui peuvent apparaître à tout moment. La guerre des monopoles rend le système fragile et instable, alors la fissure est déjà dans les guerres qui se consomment dans leur tragique normalité, la conscience de classe fait défaut, tout est à construire, et c’est la grande tâche qui nous attend pour vaincre l’anomie aliénante de notre temps.

[1] Costanzo Preve, A quatre-vingts ans depuis la mort de Lénine (1924 -2004), Communisme et Communauté, 22 janvier 2014


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