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Girodivite - n° 61 / febbraio 2000

ReSPUBLICA

sommari e articoli da ResPUBLICA, rivista delle sinistra francese.





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ReSPUBLICA N°18
Le journal de la Gauche Laïque et Républicaine
Mercredi 9 Janvier 2000
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Sommaire
I - Soirée-Débat du 18 mars
Comment cela se fait-il que vous ne soyez pas encore inscrit ?
II - International
III - Union Européenne
IV - France
V- Lecteur vigilant
VI - Dossiers

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I - Soirée-Débat du 18 mars
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SAMEDI 18 MARS 2000
Galerie marchande des Olympiades 44 av d'Ivry 75 013 Paris (métro : Porte
d'Ivry) Repas servis à partir de 19h
Inscription à ce banquet à 90F/personne pour un repas de 130 F (l'UFAL
nationale prenant à sa charge la différence).
Les inscriptions sont à adresser à l'ordre de l'UFAL 3, rue Jacquemont 75017
Paris.

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II - International
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A) La bourse et la réalité sociale
Malgré des tensions inflationnistes qui ont entraîné toutes les banques
centrales à suivre le "commandement" de la FED américaine et à relever leurs
taux, la bourse continue de flamber à cause d'une croissance record prévue
en
2000. Cette croissance de la richesse mondiale va de pair avec un
accroissement des inégalités tant au sein même des pays développés qu'entre
ces
pays développés et le reste du monde.
Pour lutter contre cette injustice de la croissance démesurée des inégalités
dans un tel contexte, il y'a deux conditions minimales :

- Création d'une alternative économique, politique et sociale, crédible à la
"World Compagny" et à ses proconsuls de gôche et de droite.

- Intensification des contradictions internes au coeur de la "World
Compagny"
c'est-à-dire à l'intérieur du conglomérat "États-Unis, firmes
multinationales et puissances financières".

Quand on voit la difficulté de rassemblement des "micros-groupes" de la
gauche anti-libérale et anti-communautariste, on peut malheureusement dire
que la "World-compagny" a encore de beaux jours devant elle !

B) Cote d'Ivoire : Le pire est toujours possible
Nous avions espéré que le général Gueï qui a renversé un dictateur corrompu
de la Françafrique allait démocratiser le pays. Et, bien, c'est raté !
L'équipe nationale de football a été consignée dans un camp militaire car
elle a été éliminée de la coupe d'Afrique des nations. Elle a eu droit à "un
cours de sens civique" par le dit général qui les obligeait à courber la
tête
pour s'entendre dire que la prochaine fois, les joueurs seraient enrôlés
dans
un service militaire de 18 mois !

C) Croatie : les langues se délient !
- Alors que se développent en Croatie, les analyses montrant la dictature,
la
corruption du régime du défunt Tudjman.
- Alors que le candidat Tudjmanien a été balayé aux élections
présidentielles
- Alors que les proches de Tudjman sont poursuivis par la justice de leur
pays, on n'entend plus nos pseudo-intellectuels qui nous faisait croire que
le régime Tudjmanien était idéal (Bernard Henri-Levy, Alain Finkelcroate, et
bien d'autres !). Souvenons du BHL boute en guerre, blanc comme un cadavre,
tremblant de tout son corps au premier tir de Kalasch venu.
Soutenir les dictatures en mangeant des petits fours de chez Fauchon à Paris
est plus facile que de les subir !
L'histoire est bien dure pour les saltimbanques médiatiques !

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III - Union Européenne
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A) Autriche (suite)
Le peuple autrichien semble accepter l'arrivée au pouvoir de
l'extrême-droite
car elle est légale. Pourtant, des artistes, des écrivains, et une petite
minorité estime cette arrivée illégitime.
Nous sommes, donc, une nouvelle fois, en prise avec un conflit entre la
légalité et la légitimité. Problème philosophique bien connu au 20 ème
siècle.
Pour nous, militants de la gauche laïque et républicaine, le but politique
est toujours de lier la légalité démocratique et la légitimité républicaine
(par rapport à nos principes). mais quand il y'a divorce, notre rôle est de
choisir la légitimité républicaine contre la légalité démocratique pour in
fine revenir à une démocratie républicaine.

B) Autriche (suite) : que dit Jean-Paul II ?
La hiérarchie catholique si prompte à intervenir aux États-Unis et en Europe
contre le droit à l'avortement et à la libre disposition de notre corps,
soutient le nouveau gouvernement autrichien. Après la déclaration de
l'évêque
de Sankt-polten en 1977 que "Jörhg Haider a beaucoup fait pour l'Autriche",
l'archevêque de Vienne a déclaré le 31 janvier 2000 Qu'il y avaient de "bons
catholiques" dans tous les partis.
Il ne fait que suivre son prédécesseur qui en 1938 avait applaudi à
l'Anschluss
sur les conseils de Pie XII !
Nous attendons les déclarations des églises de l'Union européenne qui
tardent
à arriver. L'église catholique serait-elle amnésique ? Aurait-elle perdu la
voix ? Ou aimerait-elle, autant que certains le disent, l'intégrisme
politique pour servir l'intégrisme religieux ?

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IV - France
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A) Contamination nosocomiale
Monsieur Jean-Paul Guerin directeur général du CHU de Nantes laisse entendre
que le décès de trois nouveaux-nés est dû à une contamination nosocomiale
(infections attrapés à l'hôpital !) Via le système d'alimentation
intraveineuse des nouveaux-nés prématurés. Nous nous posons la question :
pourquoi ne pas lancer un plan national de lutte contre les contaminations
nosocomiales ?

L'UFAL demande une plus grande transparence sur l'étendue des maladies
nosocomiales en France. Les "milieux bien informés" du Ministère le la Santé
font état d'une croissance de ces maladies. Nous attendons la réponse du
gouvernement et des parlementaires français.

B) la majorité plurielle contre l'Écologie
Jospin et voynet, après avoir fait semblant d'être en contradiction, ont
adopté un texte permettant la mise en place d'un marché "des droits à
polluer". Il sera donc possible, tout en payant une taxe sur l'énergie
actuellement en discussion, pour les entreprises riches d'acheter "des
droits
à polluer " !
Tous les hauts dignitaires des verts (Denis Baupin, Alain Lipietz, etc.)
peuvent toujours avaliser ce plan, reste que "la lutte des places" aux
élections municipales a entraîné l'abandon des principes écologiques par la
direction des verts.

C) Mobilisation des hôpitaux publics
De nouvelles manifestations régionales sont appelées les 10 et 22 février
pour préparer la manifestation nationale du 14 mars. L'enjeu est l'avenir du
service public hospitalier mis à mal par la conformité plurielle de gôche et
de droite depuis plus de 20 ans.

D) Listeria : Encore !
Le retrait de la vente des produits de charcuterie SAPAR, Antoine Auger,
Régal de Suzon fabriqué avant le 20 janvier 2000 à été ordonné.
L'UFAL demande qu'une loi oblige à des contrôles publics draconiens avant la
mise en commercialisation des produits alimentaires industriels.
On peut s'étonner que les infections ne soient décelées que dans des sites
de production industriel.
Les petites unités sont pourtant souvent réputées moins regardante quant à
la qualité des installation et des normes d'hygiène.  Alors d'où vient
réellement le problème ?

E) "la mafia des tribunaux de commerce"
La cour d'appel de Douai estime, dans un arrêt du 2 février 2000, que les
termes de "mafia" et de "nid de requins" ne sont pas "particulièrement
excessifs" pour qualifier les tribunaux de commerce. Pourquoi donc les
gouvernements et la représentation nationale refusent de supprimer ces
"tribunaux" d'exception et de redonner à des magistrats professionnels le
soin de juger en la matière. Voilà une démarche républicaine car faire
rendre
la justice par ses pairs relève du principe de communautarisation de la
société.

F) Recettes fiscales nouvelles
Avez-vous vu ce cirque sur les excédents fiscaux ? Le ministère des finances
et la transparence, cela fait deux !
Il est intolérable que les citoyens et la représentation nationale ait si
peu
d'informations du ministère sur la réalité financière du pays.

G) Demander votre fiche R.G !
Le tribunal administratif de Paris a rendu le 9 décembre un jugement donnant
raison à Jean-Marc B contre le ministère de l'intérieur qui refusait de lui
communiquer sa fiche. Le ministère invoqua la sûreté de l'État et de la
sécurité publique (décret mitterrandien du 14 octobre 1991) car J.M.B avait
participé à une manifestation en faveur des mal-logés !
Comment faire à présent :
1) écrire à la CNIL (commission nationale de l'information et des libertés)
2) Si le ministère invoque le décret mitterrandien du 14 octobre 1991,
attaquer au tribunal administratif.
3) Si vous avez besoin d'aide; écrivez-nous !

H) ELF : La justice s'oriente vers les Hauts-De-Seine
Le tandem Eva Joly et laurence Vichnievsky ont demandé à leur collègue de
Nanterre, patrick Desmure de leur transmettre le dossier sur l'évaporation
de
95 millions de francs suite à la vente d'un terrain à Issy-les-Moulineaux.

I) Corse-Antilles-Guyane : Jospin communautarise
Le gouvernement et ses alliés de la majorité plurielle sont en train de
préparer le passage de ces quatres départements français en un statut proche
de celui des territoires d'outre-mer (T.O.M.).
Jusqu'où vont-ils aller pour casser l'égalité en droits des citoyens
français
en donnant à chaque entité des droits différents.
Après les T.O.M. et l'Alsace-Moselle, voilà les DOM et la corse. Demain, la
Bretagne et le Pays basque, et après-demain ?
Si vous êtes attachés à l'égalité en droits des citoyens sur le territoire
national, dites-le nous et nous créerons un comité ensemble !
Car, il faut mettre hors d'état de nuire, Jean-Jack Queyranne, secrétaire
d'État à l'outre-mer qui vient de déclarer : "le gouvernement veut permettre
aux populations de choisir ?"
Et pourquoi pas l'autodétermination de tous les départements, cantons et
communes ?
Après la fanfaronnade de la charte européenne des langues régionales et
minoritaires (nous demander si vous êtes intéressés les textes d' André
Bellon), voilà la suite de la communautarisation qui veut nous entraîner
vers
l'Europe des 100 drapeaux" chère aux libéraux et communautaristes et crispés
de la pureté identitaire.

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V- Lecteur vigilant
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Notre ami Denis nous rappelle que lors du dernier numéro:
une grossière erreur d'ilote s'est glissée dans le paragraphe 4 :
Nous indiquions que "Victor Hugo disait: "Suivant que vous êtes puissants ou
misérables...""
Or si la citation est à peu prêt juste, (la vraie est : "selon que vous
serez
puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir"),
l'auteur n'en est aucunement Victor Hugo, mais bien Jean de la FONTAINE,
dans sa fable "les animaux malades de la peste".
Redde Caesari quae sunt Caesaris, et quae sunt Dei Deo.", d'après Jésus
himself ou du moins ses
évangélistes (ici, Saint Mathieu, XXII, 21), ou du moins la traduction
latine de ces évangélistes qui écrivaient plutôt grec  semble t-il, alors
que l'agitateur galiléen causait l'araméen).
MEA CULPA (et on s'arrêtera là car c'est pas une messe en latin ici ! !)

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VI - Dossiers
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Le Scandale Erika !
(dossier monté par notre amie Michèle)

la cargaison : Fioul DIS ou canada dry ?

Seule certitude : c¹est pas du canada dry !

La communication du laboratoire Analytika concernantl' échantillon
d¹hydrocarbure collecté sur l¹île de Groix et supposé provenir de la
cargaison de l¹Erika mérite, à plus d¹un titre, de retenir l¹attention.

la célérité du démenti formel opposé par Total appuyé par le CEDRE, pose en
effet très clairement la question de savoir qui ment au public dans cette
affaire.

Le rappel du précédent de 1986, avec le mensonge d¹État en service commandé
du directeur du SCPRI à propos du nuage radioactif de Tchernobyl, doit
inciter à la plus grande prudence.

A supposer que l¹échantillon collecté provienne bien de l¹Erika, je note :

* qu¹au delà des commentaires résolument militants qu¹ils comportent, les
rapports d¹Analytika sont signés par des scientifiques qui ont décidés
d¹engager leur crédibilité et leur responsabilité ;
* qu¹on ne voit pas très bien où pourrait se situer leur intérêt à risquer
un coup de Pub en exposant aussi sérieusement leurs responsabilités pénales
et civiles, avec des accusations d¹une particulière gravité ;
* que le groupe Total, fort de ses affirmations n¹a cependant (à notre
connaissance) pas engagé d¹action judiciaire en dénonciation calomnieuse.
* qu¹une telle procédure pénale serait pourtant dans la logique des choses
mais conduirait nécessairement à un débat contradictoire et à la
manifestation de la vérité (il ne serait pas difficile à un juge
d¹instruction d¹ordonner un prélèvement à la ³source² et une expertise
judiciaire) ;
* que l¹argumentaire d¹Analytika apporte par ailleurs un début d¹explication
plausible tant au errements des premières opérations de pompage du plan
Polmar-mer qu¹à certaines constations physiques troublantes sur l¹estran ;
* que les hypothèses soulevées par ce laboratoire indépendant permettent
aussi de donner un éclairage nouveau sur l¹investissement du groupe TOTAL
dans les opérations de dépollution à terre et de pompage de la cargaison,
mesures qui excèdent les obligations légales de l¹entreprise et qui ne
seraient donc peut-être pas uniquement liées à des préoccupations
commerciales ;
* qu¹en l¹absence de risque immédiat avéré et quantifiable pour la santé
humaine, la quête de vérité n¹est certainement pas la préoccupation majeure
des pouvoirs publics, lesquels ont par ailleurs un sérieux moyen de pression
sur le groupe pétrolier en cause (rappel : la convocation de M. DESMAREST à
Matignon) ;
* que ces mêmes pouvoirs publics subissent actuellement des pressions de
toutes parts en particulier des élus locaux et des socio-professionnels
légitimement inquiets du retentissement médiatique de cette catastrophe sur
l¹économie locale (produits de la mer - tourisme balnéaireS) ;

En l'absence de débat contradictoire et de certitude judiciaire, les
Associations agréées de protection de l¹environnement du littoral doivent
désormais s¹interroger sérieusement sur la possibilité qui s¹offre
aujourd¹hui, à partir du débât initié par Analytika, de déposer une plainte
contre X, afin de déterminer si des infractions pénales à la législation sur
la protection de l¹environnement ont été commises et, le cas échéant, en
demander réparation.

Il faut certainement en mesurer les conséquences prévisibles de cette
action, mais personnellement je suis de ceux qui pensent qu¹il ne faut pas
avoir peur de la vérité, qu'il faut la laiser venir, et si nécessaire aller
la chercher auprès de l'autorité judiciaire.

 Dans cette perspective, toutes les informations utiles et complémentaires
seront les bienvenues.

B) communication de Christophe Aguitton

 Après Seattle.
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 Quelques éléments sur la situation au Mexique

 La situation est marquée à la fois par une reprise des luttes et par
 un très grand éclatement entre les différents acteurs, sociaux comme
 politiques.
La reprise des luttes est manifeste chez les salariés (avec des
 grèves, la lutte des électriciens contre la privatisation et la
 recomposition syndicale) et surtout dans la jeunesse, avec la grève de
 l'UNAM. Cette université est probablement la plus grande du monde
 (plus de 500 000 étudiants) et la grève a commencé, il y a 9 mois,
 autour de plusieurs revendications, dont l'essentiel était le refus de
 l'introduction de droits d'inscriptions conséquents. La question des
 droits était particulièrement sensible dans une société où,
 parallèlement à une reprise économique réelle depuis 2 à 3 ans, les
 inégalités s'accroissent, avec près de la moitié de la population qui
 vit dans la pauvreté. Cette grève était, dès le début, isolée des
 milieux intellectuels et de la gauche traditionnelle (PRD, ou journaux
 comme " La Jornada "). La direction de la grève était le fait de ce
 que les journaux ont appelé les " ultras ", des militants radicaux
 (anarchistes et trostskistes d'obédience moréniste) qui ont animé la
 grève de façon hyper démocratique (AG permanentes, délégations
 tournantes, etc.) mais avec une logique marquée par le sectarisme et
 une politique ultra-gauche qui a accentué l'isolement de la grève.
 Quand je suis parti, la grève semblait dans une situation difficile, l
 'isolement étant d'autant plus marqué que celle-ci prenait de plus en
 plus un caractère " de classe ", les plus pauvres restant dans l'
 action, mais dans l'incompréhension et le rejet de nombreux secteurs
de la société.

 L'autre point de focalisation de la situation au Mexique est le
 Chiapas et le mouvement zapatiste. Les derniers mois ont vu l'armée
 accentuer sa pression sur les zones sous influence zapatiste, sans
 pour autant aller jusqu'au bout de la logique répressive. On peut
 penser que l'approche des élections présidentielles (juillet 2000)
 obligera le pouvoir à une certaine prudence, le prestige et le soutien
 populaire au zapatisme étant extrêmement fort.

 Plus compliquée est la situation du FZLN. Celui-ci avait été lancé,
 sur l'initiative des militants du Chiapas, pour favoriser une
 recomposition sociale et politique dans le pays en profitant de l'
 extraordinaire impact du soulèvement zapatiste. La création du FZLN
 avait suscité beaucoup d'espoir et permis de regrouper, sur tout le
 territoire mexicain, un bon nombre de militants, issus, pour la
 plupart, de groupes et organisations de gauche. La croissance du FZLN
 n'a cependant par été à la hauteur de ces espoirs. Une des raisons
tient probablement à la distance des situations d'une région à l'autre
du pays, du Chipas indien à la mégapole de Mexico en passant par les
zones d'industrialisation du nord, les " maquiladoras ". Mais il faut
 tenir compte également d'une difficulté réelle du zapatisme qui a été,
 d'un côté, obligé d'affirmer ne pas être postulant au pouvoir dans le
 pays, tout en construisant un outil de type politique. Cette
 contradiction, à laquelle s'ajoute la priorité absolue donnée au
soutien au Chiapas, a amené le Front à s'abstraire des luttes et
conflits strictement politiques et partidaires, mais aussi à limiter
ses prises de positions pour ne pas s'aliéner des soutiens
indispensables à l'EZLNS L'utilité du Front est manifeste pour tout ce
qui touche à la solidarité avec le Chiapas, elle l'est moins pour ce
 qui est de la recherche d'une réelle alternative pour le pays.

 Pendant mon séjour, j'ai rencontré le Front, des intellectuels de la
gauche du PRD (comme Adolfo Gilly) et le " réseau de lutte contre le
libre-échange ", le RMALC, créé, il y a quelques années, à l'occasion
 de la signature de l'ALENA, l'accord de libre-échange entre les
 États-Unis, le Canada et le Mexique. Il s'agissait de discuter avec
 les militants mexicains de l'impact de Seattle et de l'implication
 possible de ces réseaux dans les initiatives et les débats
 internationaux.

 Le FZLN est convaincu de l'importance de Seattle et des
 responsabilités qui en découlent pour les mouvements sociaux. Leur
 implication est importante pour le Mexique, mais aussi sur le plan
 international, à cause de l'impact de leur mouvement. Ils sont d'
 accord, à la seule réserve des temps nécessaires aux consultations,
 pour être signataires des appels et partie prenante des réunions qui
 seraient organisées cette année.

 Le RMALC est un réseau de structures, un peu comme la CCC-OMC, qui
 regroupe des forces syndicales (en particulier le FAT), des
associations écologistes, des structures comme le CILAS, des militants
du PRD et des intellectuels, économistes surtout. Le RMALC avait
organisé un débat, au Sénat, pour présenter ATTAC et discuter de
 suites de Seattle.

 Leur préoccupation est de deux ordres : participer aux initiatives
 prévues pour cette année (un d'entre eux sera à l'AG de la CNUCED à
 Bangkok en février), et réagir (le FZLN avait la même préoccupation) à
 l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mexique ; un
 sénateur du PRD présent a proposé un appel commun de parlementaires
 pour dénoncer les dangers d'un tel accord.

 Quelques éléments sur le mouvement syndical américain et " Labor Notes
 ", après Seattle

 Le mouvement syndical américain a joué un rôle très important dans les
 mobilisations de Seattle, la convergence syndicats et associations a
 été le facteur décisif pour assurer le succès de celles-ci.

 Cette présence est le résultat d'une évolution longue de l'AFL-CIO,
 menacé par une érosion comparable à celle que nous pouvons connaître
 en Europe, évolution qui a connu un tournant en 1995 quand l'équipe
 dirigée par John J. Sweeney a gagné la majorité de la confédération.
 Il ne faudrait cependant pas avoir une vision idyllique de ce
 syndicalisme. Deux difficultés pèsent sur le processus. Il s'agit à la
 fois de la résistance d'un appareil très bureaucratique, à forte
tradition anticommuniste et aux intérêts matériels importants (les
 dirigeants syndicaux ont souvent, comme les dirigeants d'entreprises,
 de gros salaires liés à leur " performance ") et du lien traditionnel,
 et encore bien vivant, entre les directions syndicales et l'équipe
 dirigeante du parti démocrate. Les deux difficultés se combinent : un
 des syndicats le plus puissant et où la gauche a les points d'appui
 les plus solides, les Teamstears, a vu ainsi le fils Hoffa gagner le
 dernier congrès en s'appuyant sur les compromissions de l'équipe
antérieure avec l'administration Clinton.

 Ces difficultés ont pesé sur Seattle ; pas sur la mobilisation, mais
 sur le sens de la présence syndicale et, donc, sur l'impossibilité de
 réaliser, sur place, une coordination des mouvements présents donnant
 des perspectives en terme d'orientation et de mobilisation. Étaient
 présents, sur place, les secteurs gauches du syndicalisme (surtout
 ceux de Seattle, cf. plus loin), mais aussi Sweeney et Hoffa, ceux-ci
 étant porteurs d'orientation très différentes de celles qu'ATTAC ou d'
 autres mouvements peuvent porter : certains portaient une orientation
 protectionniste et isolationniste, en phase avec une forte tradition
 de la droite américaine, pendant que la direction de l'AFL-CIO, tout
 en s'impliquant très positivement dans la mobilisation, portait une
 orientation " réformiste " en phase avec les préoccupations de l'
 administration Clinton. Ainsi, lors de la réunion des différents
mouvements et syndicats du continent américain qui s'est tenu à
 Toronto un mois avant Seattle, une divergence très profonde a séparé
 les syndicats (dirigés par l'AFL-CIO) qui voulaient limiter les
 revendications à l'adoption d'un volet social aux accords de l'OMC,
volet incluant un certain nombre de normes sociales, pendant que les
autres mouvements, paysans, indiens et forces démocratiques voulaient
 une dénonciation plus globale de l'OMC et de la " globalisation ".

 Dans ce contexte, la présence des militants de la gauche syndicale
 dans ce processus de mobilisation internationale est très importante.
 Elle seule permettra d'avoir des interlocuteurs ayant des vues proches
 de celles que nous pouvons défendre avec les militants des pays du
 Sud.

 Cela n'allait pas de soi. La gauche syndicale américaine est à la fois
 importante, mais assez éclatée, le réseau le plus important étant
 probablement celui de " Labor Notes ", une revue installée à Detroit,
 qui organise aussi des stages de formation et une grande rencontre de
 débat, qui réunit de 1000 à 2000 militants syndicaux, tous les deux
 ans. J'avais participé à leur dernière rencontre, fin avril 1999,
 pour tenter, entre autres, de faciliter le travail commun des deux
 côtés de l'Atlantique, entre militants syndicaux de gauche dans les
 campagnes internationales comme la dette, la taxe Tobin ou la lutte
 contre l'OMC. Si l'on m'avait accueilli gentiment, on m'avait
 également indiqué que les priorités étaient ailleurs : dans la
 reconstruction, de long terme, d'un syndicalisme démocratique capable
 de tisser des liens avec toute la " community ", et les associations
 de base, le " grassroots movement ". Les militants de gauche
 privilégiaient le travail à la base, le " rank and file unionism ".

 Seattle a changé les choses. Selon Kim Moody (un des principaux
 dirigeants de Labor Notes, présent au séminaire de Mexico) et les
 autres interlocuteurs venant des Etats-Unis, l'impact des
 mobilisations a été très fort dans le syndicalisme, en facilitant l'
émergence d'une couche militante syndicale plus jeune (la trentaine)
 et en permettant les liens entre syndicalistes et les jeunes militants
 (d'une vingtaine d'année) qui étaient très présents à Seattle. Le lien
 le plus évident avec les jeunes ne passant pas par " direct action ",
 le réseau le plus radical qui a beaucoup fait parler de lui à Seattle,
 mais par ceux de " Clean Clothes ", qui se battent, sur les campus,
 pour que les industriels du textile, en commençant par ceux qui
 fabriquent les sweats aux noms des universités, respectent des
 conditions de travail décentes, ce qui les a naturellement amenés à
 travailler avec les syndicats.
 Il s'agit maintenant de savoir comment aider à ce que des
 syndicalistes de gauche puissent participer au mouvement qui pousse à
 la coordination d'actions et de luttes. Labor Notes va regarder par
 quelle structure il faudrait passer et quel moment serait le plus
 favorable, l'idée étant qu'une première réunion ait lieu avant juin,
 où, nous l'espérons, il sera possible d'organiser une réunion
 internationale réellement représentative.

 Problèmes et perspectives de rassemblement après Seattle

 Ces rencontres ont permis des discussions sur les situations des
différents pays. Elles ont permis également de pointer quelques
difficultés plus générales. Nous ne présenterons ici que deux d'entre
 elles.

 La première porte sur la jeunesse. Si, en France, les mobilisations de
 la jeunesse ne produisent pas, ou peu, d'organisations militantes
 stabilisées au moins sur le moyen terme, cela n'est pas le cas dans
 tous les pays. L'exemple de la grève de l'UNAM entre en résonance
 avec d'autres mobilisations, à la fois très différentes (les grèves de
 cette ampleur sont rarissimes et ne peuvent s'expliquer que par un
 contexte tout à fait particulier, comme la présence de Cauthémoc
 Cardenas à la tête de l'exécutif local, seul habilité à faire appel
 aux forces de l'ordre) , mais qui présentent aussi de fortes analogies
 : " Reclaim The Streets " en Grande-Bretagne, " Direct Action " aux
 Etats-Unis, où, peut être à une moindre échelle, les jeunes des
 centres sociaux italiens ou des " antifa " allemands. Dans tous les
cas, il s'agit de mouvements radicaux, en opposition totale au
 système, ayant des formes d'action novatrices (Reclaim the Streets en
 présentant l'exemple le plus abouti) et refusant de rentrer dans le
 jeu politique traditionnel (inclues les forces politiques d'extrême
 gauche). Le lien avec les militants de ces nouvelles générations est
 très important, il est aussi difficile. C'est un des enjeux des
 rassemblements à construire dans l'année qui vient.

 L'autre difficulté, liée à la précédente, porte sur le lien entre
 mobilisations larges et mouvements plus radicaux. À Seattle, les deux
 réalités ont coexisté, comme cela avait été le cas, cet été, en
 Europe, avec la marche mondiale des indiens du Karnataka, soutenue par
 l'Alliance Mondiale des Peuples (ou People Global Action). Ces
 problèmes vont rebondir, comme nous avons pu le voir à Davos, cette
 année, et comme nous risquons de le voir sur le continent américain :
 une marche est prévue, partant d'un côté de Panama, de l'autre du
 Canada, pour converger vers la frontière mexicaine. Nos correspondants
 mexicains ont déjà été saisis de cette proposition, il leur faudra
 (comme à nous) trouver les liens entre ce type de mobilisation et des
 alliances plus larges.

 C'est un des enjeux majeurs de la situation des mois qui viennent.

 Paris, le 30 janvier 2000
 Christophe Aguiton. Animateur du Groupe international d'ATTAC

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Contacts:
Courriel: gauche-republicaine@fr.st
Site: http://www.gauche-republicaine.fr.st
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